Tu exagères ! » , » Sois une femme! », » tu n’es ni la première ni la dernière à avoir ses règles « , » Nous souffrons toutes, mais nous supportons ! ».
Tabou, inconnue, relativisée, l’endométriose est une maladie qui existe, qui fait mal, qui mine nos sociétés, qui handicapent de nombreuses femmes. On en parle rarement ! Pour preuve, aucune leçon dans la plupart des programmes scolaires, pour ce qui est de la Côte d’Ivoire par exemple ne l’évoque. Nous vivons tous comme si l’endométriose n’existait pas et qu’avoir des règles fortement douloureuses était tout à fait normal. Tout compte fait » la douleur de l’accouchement fait plus mal ».
Bienvenue sur InspireAndShine, j’aimerais aborder aujourd’hui une thématique actuelle, l’endométriose avec Fathime Touré, jeune blogueuse, qui nous partagera son témoignage.
»L’endométriose est une maladie de l’endomètre qui se caractérise par la migration de cellule qui le compose en dehors de la cavité utérine en passant par les trompes de Fallope et colonisent d’autres organes de l’abdomen. « Chaque période de règles constituent pour certaines femmes, une période difficile les affectant à un plus haut point. A ce jour, l’origine et les causes de l’endométriose restent sans réponse. Plusieurs hypothèses ( pistes immunitaires; génétiques; environnementales) ont été avancées au fil du temps mais aucune n’a, à ce jour, été prouvée irréfutablement.
Douleurs horribles, vomissements, essoufflement, nausées, crampes, difficultés de déplacement…
Elle touche 5 à 20 % des femmes en âge de procréer, parmi lesquelles 40 % se plaignent de douleurs au bas-ventre. La maladie peut être asymptomatique et ne pas nécessiter de prise en charge, mais elle peut aussi causer des douleurs gynécologiques ponctuelles ou chroniques, et entraîner une infertilité. Le retard de diagnostic est malheureusement fréquent, il peut s’écouler 8 à 10 ans entre les premiers symptômes et la confirmation du diagnostic.
Elle se caractérise par des crampes atroces, des vomissements, des vertiges et des problèmes de mobilité pour ne citer que ceux-ci. Chez une femme en bonne santé, à chaque cycle menstruel sous l’effet des hormones oestrogéniques, l’endomètre s’épaissit en prévision d’une éventuelle grossesse. S’il n’y a pas de fécondation, il se désagrège : ce sont les règles. Chez les femmes souffrant d’endométriose, les cellules ayant migré en dehors de l’utérus restent sensibles aux hormones : elles saignent donc en-dehors de l’utérus, mais ce sang ne peut être évacué naturellement comme les règles. Cela provoque, aux endroits où le tissu se trouve, des lésions, nodules ou kystes, ainsi que des réactions inflammatoires avec formation de cicatrices fibreuses et d’adhérences accolant les organes avoisinants entre eux et empêchant leur bonne mobilité. En cas d’endométriose, le tissu utérin peut migrer au niveau des ovaires, du péritoine (membrane tapissant la cavité abdominale et les organes qui s’y trouvent), des ligaments utérins, et de l’espace séparant le vagin du rectum. Plus rarement, l’endométriose peut toucher le côlon et l’intestin grêle, le col utérin, la vulve, le vagin, la paroi abdominale, le diaphragme, la plèvre ou les uretères.
Existe-t-il des traitements ?
Oui !!! Il existe plusieurs types de traitements en fonction du degré de douleur (antalgiques, morphine, voire même l’ablation dans certains cas). Toutefois, le manque d’information adéquate tue de nombreuses femmes.
Avoir mal, ce n’est pas normal !
Le caractère tabou des règles n’arrange pas les choses. Les femmes en premier ont du mal à parler de leurs règles. Déjà le terme » règles » dérange. La preuve en est que l’on préfère utiliser d’autres termes ou phrases pour en parler : » je suis dans ma mauvaise semaine « ; » j’ai mes trucs ». Le peu de femmes qui osent en parler et encore plus des douleur y attachées sont rabrouées. Elles doivent supporter la douleur ! Mais comment supporter, l’insupportable ?
LE TÉMOIGNAGE DE FATHIME
Personnellement, ma mère a été victime de l’endométriose . Elle a souffert pendant 3 ans avant qu’on ne puisse lui diagnostiquer cette maladie. Elle a dû subir une opération chirurgicale pour être guérie parce que les médicaments ne lui faisaient aucun effet. C’est une maladie qui non prise en charge tôt, peut causer des problèmes plus graves. Si je devais lancer un message, ce serait d’inviter toutes les femmes présentant les symptômes précités à se rendre chez un médecin se faire dépister, car lorsque la maladie est découverte plutôt la patiente bénéficie d’une meilleure prise en charge.
Le changement que nous voulons !
Pourquoi n’ accorderions-nous pas à certaines femmes des jours de repos pour cause de crises ? Pourquoi demander aux jeunes élèves de supporter une douleur aussi atroce que celle-ci ?Pourquoi demander aux femmes d’apprendre à vivre avec une telle souffrance au lieu de chercher les moyens de s’en défaire ? Pourquoi les cours de Science de la vie, ou d’éducation familiale ne parle pas de l’endométriose ? Pourquoi compare-t-on dans nos sociétés une telle douleur à celle de l’accouchement comme pour justifier son existence ? Pourquoi dire aux femmes que si elles arrivaient à la supporter, elles donneraient plus facilement la vie qui est » triple « en douleur, alors que contrairement à l’accouchement, il n’existe aucune péridurale pour l’endométriose ? Pourquoi ne pas en parler tout simplement ?
Alors nous demandons :
- Une libération de la parole et une intégration, expansion dans les programmes d’éducation scolaire de l’endométriose
- Un renforcement de l’accessibilité des soins contre l’endométriose
- Une libération de la parole dans nos états sur l’endométriose
- Une flexibilité des systèmes et une prise en compte des cas d’endométriose dans leur décision ( congé menstruelle par exemple)…
Pour vous donner un petit aperçu du regard actuel de la société sur l’endométriose, j’aimerais vous inviter à regarder ce reportage du medias BBC intitulé : « Les médecins me disaient que c’était dans ma tête« .
Sur cette note que nous achevons notre article. Un grand merci à Fathime Touré ayant bien voulu nous entretenir sur ce thème.
Cet article a été publié le 25 septembre 2021.