
« Féminisme« , un mot qu’il ne faut pas dire tout haut, tout fort! « Féministe« , un qualificatif qu’il ne faudrait pas accepter, emprunter, porter. Un qualificatif qui dérange. Un qualificatif, pour certain·e·s, « laid », un qualificatif à supprimer. Mais qu’est-ce que le féminisme ? Qui sont les féministes ? Quels sont les combats des féministes ? Avons-nous compris le féminisme ? Avons-nous cherché à comprendre le féminisme ?
Dans une société de plus en plus individualiste et centrée sur elle-même, l’humain·e n’a à cœur que son propre intérêt, quitte à briser, détruire, maltraiter ; quitte à étouffer les droits de son alter ego.
Dans une société où l’on trouve son confort dans les clichés traditionnels, où le changement dérange, des femmes se lèvent. Dans une société où le silence est maître mot, elles élèvent la voix.
Parmi elles, en Côte d’Ivoire, une femme qui a fait du combat pour toutes celui d’une vie.
Son nom: Bénédicte OTOKORE.

L’Interview
Bienvenue chère invitée sur InspireAndShine, dites-nous tout qui est Bénédicte OTOKORE ?
Benedicte OTOKORE est juriste spécialiste des droits humains, féministe radicale, et secrétaire générale adjointe de la Ligue Ivoirienne des Droits des femmes.
Qu’est-ce qui vous a motivée à vous engager en faveur de la lutte contre les violences basées sur le genre en Côte d’Ivoire?
J’ai personnellement voulu m’engager en faveur de la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) parce que je crois que tout le monde devrait faire ce qu’il peut à son humble niveau pour changer positivement le monde. Et en tant que féministe, c’est le changement que j’ai choisi d’amener.
Comment décririez-vous votre parcours d’engagement en faveur de l’égalité et des droits des femmes?
J’ai commencé à militer en m’engageant comme bénévole à La Ligue. J’y ai rencontré des femmes inspirantes et sorores comme Meganne Boho, Marie-Paule Okri, Désirée Deneo, qui font aujourd’hui partie et feront toujours partie de mon histoire en tant féministe engagée. Et c’est une chose dont je suis fière.
Quels événements ou expériences spécifiques ont marqué un tournant dans votre engagement pour la défense des droits des femmes et la lutte contre les violences basées sur le genre?
Il n’y a eu aucun événement spécifique. J’ai grandi dans une famille où le sexisme n’existait pas. En grandissant, j’ai toujours été une personne. Je n’ai jamais ressenti le « tu es une femme donc… ». Alors, devenue adulte, je me suis heurtée à la réalité du monde patriarcal. Tout autour de moi me révoltait, et je trouvais injuste tout ce que les femmes vivent comme violence, tout ce que la société nous impose.
Je me suis dit : il faut faire quelque chose.

Pouvez-vous nous citer quelques actions concrètes que vous avez menées pour sensibiliser, éduquer le public et soutenir les survivantes de violences basées sur le genre?
Je mène des actions de sensibilisation et des plaidoyers avec mon organisation, La Ligue. Vous pouvez voir toutes nos actions sur notre site internet https://la-ligue.org/ et sur nos réseaux sociaux.
Je suis présente sur les réseaux sociaux en tant que féministe engagée, où j’aborde des questions souvent taboues et généralement difficiles, sous un angle provocateur afin d’amener les gens à penser hors de la boîte et à changer de paradigme.
Quel rôle accordez-vous à la sensibilisation communautaire dans la lutte contre les VBGs, et quelles stratégies recommandez-vous pour en assurer la pérennité ?
La sensibilisation communautaire est la base de notre travail pour changer les mentalités. Nous collaborons avec diverses communautés, en utilisant des moyens adaptés à chacune d’elles : les élèves, les étudiant·e·s, les femmes en milieu rural, etc. Heureusement, à La Ligue, nous avons un vivier d’expertes sur la question et dans différents domaines, ce qui nous permet d’atteindre nos objectifs. Pour pérenniser la sensibilisation communautaire, il est essentiel de lever suffisamment de fonds pour la financer.
Pensez-vous l’innovation digitale et les réseaux sociaux être des canaux de plaidoyers efficaces dans le combat contre les VBGs?
Bien sûr. Les réseaux sociaux sont efficaces pour la lutte contre les VBG et pour mener des plaidoyers. La Ligue Ivoirienne des droits des femmes est elle-même née sur internet et nos actions ont scellé notre légitimité à travers les réseaux sociaux; c’est un canal qui nous sert énormément. Pour certains cas, il sont plus efficaces.

Pensez-vous les survivantes de violences basées sur le genre en Côte d’Ivoire avoir suffisamment accès à la justice? Si ce n’est pas le cas, quelles mesures préconisez-vous pour améliorer cette situation?
L’accès à la justice pour les survivantes de violences basées sur le genre (VBG) reste un défi quotidien. Pour remédier à cela, nous appelons constamment les instances judiciaires à faire preuve de plus de diligence dans le traitement des cas de VBG. La législation a déjà fait un travail remarquable en nous dotant de lois qui protègent de manière adéquate les femmes. Il ne reste plus qu’à la justice de démontrer que les VBG sont un sujet sérieux.
Quel rôle les réseaux de solidarité et les associations jouent-ils dans la lutte contre les violences basées sur le genre?
Les associations jouent un rôle crucial en sensibilisant et en accompagnant les victimes. En Côte d’Ivoire, seules les associations disposent de centres d’accueil pour les survivantes de violences basées sur le genre (VBG). Ces centres offrent une bouffée d’air aux femmes en détresse, leur fournissant un soutien essentiel.
Quels défis avez-vous rencontré dans votre engagement?
Le plus grand défi est celui du financement des organisations de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). Un autre défi est de faire progresser les droits des femmes sur le plan légal, mais nous y travaillons. Nous avons nos stratégies. Nous atteignons un objectif, puis nous passons au suivant.
Quel conseil donneriez-vous à un.e jeune qui aimerait s’engager mais qui hésite encore à le faire?
Libères-toi des chaînes du patriarcat !

Le féminisme en Afrique est-il combattu par celles et ceux qui ne l’ont jamais compris et se le sont approprié en en faisant ce qu’ils voulaient ? Le féminisme en Afrique est-il combattu par des personnes qui n’ont jamais cherché à savoir ce qu’il représentait vraiment et l’ont rejeté parce qu’il dérangeait leurs habitudes?
Doit-il être validé pour que ses actions comptent ? Non.
Doit-il être compris par tous pour qu’un changement véritable advienne ? Non.
Chère Bénédicte, InspireAndShine vous remercie pour vos actions en faveur du changement et de la justice sociale.
Comme Bénédicte OTOKORE, vous êtes appelés à changer le monde.
Le monde n’attend que vous !
InspireAndShine
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