Entretien avec Samba DIALLO

En janvier 2012, lors de la 18e session ordinaire de la Conférence de l’Union africaine à Addis-Abeba, les chefs d’État africains ont posé les bases d’un projet historique : la création d’une Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Cette initiative s’inscrit dans la continuité des efforts d’intégration économique du continent, amorcés dès les années 1960 avec la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), devenue Union africaine (UA) en 2002. Trois ans plus tard, en juin 2015, les négociations officielles sont lancées à Johannesburg, lors de la 25e session de l’UA. Elles aboutissent, le 21 mars 2018 à Kigali, à la signature de l’accord portant création de la ZLECAf par 44 États membres. Ce moment marque un tournant décisif dans l’histoire économique du continent. Mais la ZLECAf ne se limite pas à un accord commercial. Elle incarne une vision de transformation structurelle des économies africaines, fondée sur le renforcement du commerce intra-africain, la réduction de la dépendance aux marchés extérieurs, et surtout, la promotion d’une croissance inclusive.
Au cœur de cette ambition se trouve une question cruciale : l’employabilité des jeunes. Le continent africain, où plus de 60 % de la population a moins de 25 ans, fait face à un défi majeur : créer des opportunités économiques durables pour sa jeunesse. La ZLECAf, si elle est pleinement mise en œuvre, pourrait générer des millions d’emplois dans des secteurs clés tels que l’industrie, les services, le numérique, l’agriculture et l’économie verte.
Dans sa rubrique analyse, InspireAndShine reçoit cette semaine Samba DIALLO, Champion national (Sénégal) Jeunesse de la ZLECAf. Avec lui, nous parlerons : « ZLECAf, Agenda 2063 et ODD 8 : croissance inclusive et travail décent sur les jeunes en Afrique».

Analyse
Cher Samba, bienvenue sur InspireAndShine, avant tout propos qui est Samba DIALLO ?
Je suis Samba Diallo, jeune Sénégalais engagé dans la gouvernance démocratique, la justice transitionnelle et le leadership des jeunes. Titulaire d’une licence en science politique, je poursuis un double master en Paix et Sécurité à l’Université Gaston Berger et en Droits de l’Homme à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. En 2024, j’ai suivi une formation sur les élections et le droit international des droits de l’homme avec la Fondation René Cassin. J’ai également initié la première compétition inter-universitaire sur les politiques publiques au Sénégal, autour de la Vision Sénégal 2050.
En dehors du cadre académique, je suis Champion national Jeunesse de la ZLECAf et Ambassadeur international du programme IYCM, œuvrant pour l’implication des jeunes dans l’intégration économique africaine. Je suis aussi cofondateur d’Impactus Afrika, une organisation panafricaine qui promeut la participation citoyenne et le développement durable. En 2025, j’ai intégré la cohorte des Peace Acorns de YORJA, renforçant mon engagement pour la paix, la réconciliation et la construction de sociétés inclusives.
Avant tout propos, quelle est votre première lecture du thème d’analyse ?
La ZLECAf, l’Agenda 2063 et l’Objectif de Développement Durable (ODD) 8 sont interconnectés pour promouvoir une croissance économique inclusive, le plein emploi et le travail décent pour les jeunes en Afrique. L’Agenda 2063 représente la vision à 50 ans de l’Union africaine, tandis que l’ODD 8 est un objectif mondial des Nations Unies visant à promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous. Cela implique l’éradication du travail indigne et la garantie d’une protection pour tous les travailleurs, grâce à une croissance inclusive et respectueuse de l’environnement. L’ODD 8 encourage également la créativité, l’entrepreneuriat, l’innovation, l’utilisation efficiente des ressources mondiales, le développement des micro-entreprises et PME, ainsi que la transformation de l’emploi informel.
Bien que la ZLECAf constitue une avancée majeure, elle ne couvre pas encore tous les aspects du travail décent. La réalisation de l’ODD 8 nécessite des politiques complémentaires pour protéger les droits des travailleurs, réduire les inégalités et garantir une répartition équitable des bénéfices du libre-échange.
Selon l’Agenda 2063, la ZLECAf est un projet phare de l’Union africaine. Elle offre un cadre stratégique élaboré par les États membres pour atteindre un développement durable et inclusif. Son objectif est de créer un marché intégré pour les biens, les services, ainsi que pour la libre circulation des personnes et des capitaux sur le continent africain. Ce qui importe le plus dans ce projet, c’est sa capacité à stimuler le commerce intra-africain et l’industrialisation, tout en créant des opportunités d’emploi et en soutenant l’entrepreneuriat et la transformation des PME.
Aujourd’hui, si tous nos États ratifient l’accord de la ZLECAf, ce sera une occasion historique de remodeler nos économies, de diversifier nos secteurs d’activité et de favoriser une croissance inclusive et durable. En effet, la ZLECAf est bien plus qu’un simple levier commercial: elle permet à nos États de devenir des acteurs majeurs sur les scènes économique régionale et mondiale. En réduisant les barrières tarifaires et non tarifaires, en modernisant les infrastructures et en adoptant des technologies innovantes, ils peuvent renforcer leur compétitivité et attirer les investissements nécessaires à leur développement.
Quelle est votre lecture de l’ODD 8 dans le contexte africain actuel ?
Sur le continent africain, notre lecture de l’ODD 8 « Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous » révèle un objectif fortement entravé par des défis structurels persistants, aggravés par des facteurs externes tels que la pandémie de COVID-19 et l’instabilité géopolitique.
Les progrès sont lents et fragiles, en grande partie à cause de l’économie informelle généralisée, des pertes d’emplois massives et des faibles niveaux de revenu. Pour aller de l’avant, nos États doivent renforcer les filets de sécurité sociale, offrir des emplois de qualité, garantir l’égalité de genre, encourager les investissements notamment dans les infrastructures et la technologie et surtout améliorer la collecte et le partage des données statistiques pour un meilleur suivi des progrès.
Pensez-vous que la ZLECAf réussira à promouvoir le Made in Africa?
Oui, je le pense. La ZLECAf ouvre un marché de 1,4 milliard de consommateurs, offrant une opportunité unique de valoriser le Made in Africa. Selon le PNUD, la ZLECAf est la plus grande zone de libre-échange au monde, représentant un marché de 1,2 milliard de personnes et un PIB combiné de 3 000 milliards de dollars, qui devrait plus que doubler d’ici 2050.
Elle constitue une étape majeure dans l’intégration et le développement du continent, tout en servant de catalyseur pour l’émergence de nouvelles pratiques entrepreneuriales et de modes de production, de travail et de commerce, tant à l’intérieur du continent qu’à l’international.
Cependant, cette ambition ne pourra se concrétiser que si nous investissons dans la transformation locale de nos matières premières, dans des infrastructures logistiques modernes et dans des mécanismes de certification garantissant la qualité des produits africains. Ce n’est qu’à ce prix que le label « Made in Africa » pourra devenir un véritable gage de compétitivité à l’échelle mondiale.
La réussite dépendra également de la mise en œuvre efficace des politiques, de la réduction des déficits d’infrastructures, de l’amélioration de la connectivité entre les États, de l’accès au financement et de la capacité des entreprises africaines à saisir les opportunités offertes par cette zone de libre-échange.

Les start-ups dirigées par des jeunes peuvent-elles tirer parti du marché unique africain ?
Absolument. Les start-ups sont, par nature, agiles et innovantes, notamment dans les domaines du numérique, de la fintech, de l’agriculture intelligente, de la santé et des énergies renouvelables. Une vague d’innovation déferle sur l’Afrique : Wave (argent mobile), Flutterwave et Paystack (fintech), M-Shule (éducation) ou encore Nuru (énergie). Grâce aux outils digitaux, ces start-ups dépassent les frontières et façonnent activement un avenir meilleur pour le continent. Imaginez les possibilités si ce succès pouvait être reproduit dans tous les secteurs, notamment dans celui de la santé. Pour concrétiser cette vision d’un écosystème florissant, il est essentiel de lever les obstacles actuels à leur croissance. Cela passe par un meilleur accès au financement, une protection efficace de la propriété intellectuelle et la création d’incubateurs panafricains pour faciliter leur expansion. Dans ce contexte, la ZLECAf peut devenir un formidable accélérateur de croissance pour les start-ups africaines.
Comment mieux intégrer les jeunes en situation de handicap dans les politiques liées à la ZLECAf et à l’ODD 8 ?
Les jeunes en situation de handicap représentent un groupe structurellement marginalisé dans l’économie africaine. Leur inclusion ne relève pas uniquement d’une exigence éthique : elle est essentielle à la réussite de la ZLECAf. Leur faible intégration dans les politiques économiques et sociales risque de perpétuer, voire d’aggraver, les inégalités de développement sur le continent. Leur exclusion systématique limite le potentiel d’innovation, affaiblit la compétitivité et peut nourrir un sentiment d’injustice intergénérationnelle et territoriale.
Pour une inclusion effective, l’action doit être concertée entre:
- Les États membres, à travers des cadres nationaux pour l’emploi et la formation inclusifs ;
- Les institutions continentales, comme le Secrétariat de l’Union africaine et celui de la ZLECAf ;
- Le secteur privé, en favorisant l’employabilité et l’innovation inclusive.
En réalité, la rhétorique de la « croissance inclusive » portée par l’ODD 8 et la ZLECAf reste souvent ambitieuse mais peu concrète. Les jeunes en situation de handicap subissent une double peine : la discrimination sur le marché du travail et l’inadéquation des politiques régionales, qui les considèrent trop souvent comme une réflexion secondaire. Une inclusion véritable exige d’intégrer les questions de handicap à toutes les étapes: de la conception des accords à leur mise en œuvre, en passant par le suivi et l’évaluation. Il ne s’agit pas d’ajouter un volet social, mais de repenser les politiques de manière structurelle. Cela implique :
- Une approche proactive plutôt que réactive ;
- Des données désagrégées fiables ;
- Une gouvernance inclusive;
- Et des mécanismes régionaux de redevabilité.
Quels types d’emplois la ZLECAf pourrait-elle générer pour les jeunes?
La ZLECAf va créer une nouvelle demande dans plusieurs secteurs. Dans l’industrie, il y aura des opportunités dans l’ agroalimentaire, le textile et la transformation des ressources naturelles. Le numérique ouvrira la voie à des métiers liés au e-commerce, à la cybersécurité et à l’intelligence artificielle. L’économie verte, avec les énergies renouvelables et l’économie circulaire, constituera un gisement important d’emplois durables. Enfin, la logistique, la culture et les industries créatives offriront de nouvelles perspectives à une jeunesse qui ne manque ni de talents ni d’audace. Il faut également noter que la ZLECAf représente une opportunité de croissance et de création d’emplois pour la jeunesse africaine, qui constitue environ 60 % de la population du continent.
Cependant, sa pleine réalisation nécessite une prise en compte des besoins spécifiques de cette jeunesse, notamment l’accès au financement un pilier essentiel, le renforcement des capacités, et leur inclusion dans les processus de décision, ce qui reste encore trop rare, comme le souligne le Protocole sur les femmes et les jeunes.
À nous, la jeunesse, d’être pleinement engagés dans la mise en œuvre de l’accord et de veiller à en garantir un impact positif et durable.
Quels liens stratégiques existent entre la ZLECAf, l’Agenda 2063 et l’ODD 8 pour promouvoir la croissance inclusive?
La ZLECAf et l’Agenda 2063 visent à encourager la croissance inclusive en établissant un marché unique africain, dans le cadre de la vision panafricaine du développement durable portée par l’Agenda 2063, tout en s’alignant sur l’accent mis par l’ODD 8 sur le travail décent et la croissance économique.
La ZLECAf est un élément central voire le noyau de l’Agenda 2063, avec pour objectif de réduire les disparités et la pauvreté, favorisant ainsi une ascension économique plus équitable, en cohérence avec les objectifs de l’ODD 8. L’AfCFTA est un projet clé de l’Agenda 2063, visant à construire une économie africaine plus connectée et prospère. En rationalisant le commerce, elle contribue directement à la réalisation de l’ODD 8, qui met l’accent sur le développement économique durable et inclusif, la création d’emplois de qualité et la réduction de la pauvreté.
L’Agenda 2063 et l’ODD 8 poursuivent tous deux des progrès qui bénéficient à tous, et non uniquement aux plus favorisés. En développant le commerce intra-africain, la ZLECAf peut stimuler la demande et générer de nouvelles perspectives. Cependant, pour que ces progrès soient véritablement inclusifs, ils doivent être guidés par des politiques conçues pour réduire la pauvreté et les inégalités.
Quels mécanismes pourraient contribuer à réduire les effets négatifs de la corruption sur la croissance inclusive?
Comme le disait avec ironie un politicien ougandais :
« La corruption n’est mauvaise que si je n’en fais pas partie. Mais si j’en fais partie, je la défendrai ! »
Cette citation, bien que comique, illustre une réalité préoccupante. La corruption est l’un des freins majeurs au développement socio-économique de l’Afrique. Elle coûte au continent environ 25 % de son PIB, soit près de 148 milliards de dollars par an (données 2024-2025). Elle affecte l’accès aux services de base, décourage les investissements et aggrave les inégalités.
Pour y remédier, plusieurs mécanismes sont essentiels :
- Renforcer la transparence et la redevabilité dans la gestion publique ;
- Mettre en place des systèmes de contrôle et de sanctions efficaces ;
- Promouvoir l’éthique et la formation à l’intégrité dès le plus jeune âge ;
- Protéger les lanceurs d’alerte, comme le fait le Sénégal avec sa loi dédiée ;
- Évaluer de manière indépendante les dépenses publiques ;
- Soutenir une société civile active dans la surveillance des politiques publiques et des pratiques du secteur privé.
La lutte contre la corruption est une condition sine qua non pour garantir une croissance inclusive, équitable et durable.
Dans quelle mesure la ZLECAf pourrait-elle réduire la dépendance des pays africains vis-à-vis des importations extra-continentales ?
Tout Africain rêve d’une Afrique capable de voler de ses propres ailes. La ZLECAf incarne cette vision : donner aux Africains les moyens de reprendre le contrôle de leur destin économique. Elle marque un tournant décisif vers une coopération fondée sur le commerce, levier de transformation économique et sociale. À bien des égards, la ZLECAf est l’une des plus grandes réussites africaines du XXIe siècle.
Aujourd’hui, les échanges commerciaux de l’ Afrique sont encore largement dominés par les produits de base, soumis aux fluctuations des marchés internationaux. Même lorsque les prix sont élevés, ils restent inférieurs à ceux des produits à forte valeur ajoutée. En intensifiant le commerce intra-africain, la ZLECAf peut favoriser l’industrialisation, la diversification des économies et la montée en gamme des productions locales. Les avantages économiques attendus sont multiples:
- Hausse du commerce intra-africain, moteur de croissance du PIB continental.
- Renforcement de la production locale, notamment dans l’agroalimentaire, l’industrie et les services ;
- Réduction de la dépendance aux importations extra-africaines, en stimulant la fabrication locale de biens de consommation et d’équipements.
La ratification et la mise en œuvre du Protocole sur le commerce des services sont essentielles. Ce protocole vise à lever les obstacles à la libre circulation des services, des personnes et des capitaux, tout en encourageant les investissements dans les infrastructures clés (énergie, TIC, transport).
En somme, la ZLECAf offre une opportunité historique de réorganiser les économies africaines, de stimuler la production régionale et de réduire la vulnérabilité extérieure. Elle peut transformer l’Afrique en un acteur économique autonome et compétitif.

Pourquoi les jeunes doivent-ils être placés au cœur des agendas de développement ?
On entend souvent que la jeunesse est le moteur du développement de l’Afrique. Pourtant, cette reconnaissance reste trop souvent confinée aux discours. Dans les faits, les jeunes sont rarement impliqués dans les instances de décision. La ZLECAf, à travers son Protocole sur la jeunesse, reconnaît pourtant leur rôle stratégique. Elle encourage les initiatives portées par les jeunes dans des secteurs clés comme l’agriculture, la fintech, les TIC ou l’industrie.
Placer la jeunesse au cœur des agendas de développement n’est pas une faveur, c’est une nécessité stratégique :
- Elle représente la majorité démographique du continent.
- Elle incarne le potentiel économique, l’innovation et la résilience ;
- Elle est la clé de la stabilité et de la paix durables.
Il est donc crucial de:
- Renforcer les organisations dirigées par des jeunes;
- Les doter de moyens financiers et techniques;
- Les impliquer dans la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques liées à la ZLECAf.
Avec un engagement politique fort et des ressources adéquates, la jeunesse africaine peut transformer cette vision en réalité. Elle doit être pleinement intégrée dans les processus de dialogue national et régional pour construire une mise en œuvre inclusive de la ZLECAf, en phase avec les défis réels des jeunes entrepreneurs.
À votre avis, pourquoi est-il essentiel de ne pas réduire la ZLECAf à une initiative purement économique mais aussi sociale ?
Il est essentiel de ne pas réduire ZLECAf à une initiative purement économique mais aussi sociale parce qu’il ne s’agit pas uniquement de commerce. La ZLECAf est aussi un projet d’intégration humaine. Elle peut :
- Favoriser la mobilité des talents;
- Encourager le dialogue interculturel ;
- Faciliter la reconnaissance des diplômes ;
- Et renforcer l’identité africaine.
La réduire à un simple outil économique serait passer à côté de sa vocation première: construire une Afrique unie, prospère et solidaire, où le commerce devient un vecteur de stabilité sociale et politique. La ZLECAf doit être perçue comme un levier de transformation globale, touchant à la fois l’économie, la culture, l’éducation et la cohésion sociale.
Comment réduire la précarité et l’informalité de l’emploi grâce à la ZLECAf ?
La ZLECAf peut jouer un rôle déterminant dans la transition vers un emploi plus formel et plus sécurisé. Pour cela, plusieurs leviers doivent être activés :
- Intégrer progressivement le secteur informel dans les chaînes de valeur régionales ;
- Simplifier les démarches administratives pour encourager la formalisation ;
- Réduire la fiscalité excessive qui décourage les petits entrepreneurs;
- Adapter la protection sociale aux réalités des travailleurs indépendants et informels ;
- Digitaliser les marchés et les échanges transfrontaliers, afin d’inclure les petits producteurs, artisans et commerçants dans l’économie formelle.
En créant un environnement plus favorable à l’entrepreneuriat et à l’innovation, la ZLECAf peut transformer l’informalité en opportunité de croissance inclusive.
Comment les jeunes Africains peuvent-ils devenir acteurs, et non simples bénéficiaires, de la ZLECAf ?
Il est impératif que la jeunesse africaine soit actrice et non simple bénéficiaire de la ZLECAf. Pourtant, force est de constater que les jeunes n’ont pas été associés aux négociations de l’accord. Cela souligne l’urgence d’une implication systématique de la jeunesse dans toutes les initiatives nationales et continentales. Beaucoup de jeunes connaissent le terme « zone de libre-échange », mais peu comprennent réellement les détails et engagements de la ZLECAf. Il est donc crucial de:
- Mobiliser la jeunesse à travers le continent;
- Leur fournir l’information et l’éducation nécessaires pour s’engager de manière significative;
- Sensibiliser aux dispositions du Protocole sur les femmes et les jeunes dans le commerce;
- Organiser des ateliers, campagnes de communication et contenus interactifs sur les réseaux sociaux et les plateformes jeunesse.
Une plaidoirie forte est également nécessaire pour que la ZLECAf intègre un protocole sur le travail, avec des engagements concrets en matière de création d’emplois de qualité, respectueux des droits humains et des normes du travail décent. L’accord doit aussi soutenir l’entrepreneuriat des jeunes pour leur permettre de prospérer.
Quels indicateurs concrets permettraient de mesurer l’impact de la ZLECAf et de l’Agenda 2063 sur les jeunes?
Il faut aller au-delà des indicateurs macroéconomiques classiques. Pour évaluer l’impact réel de la ZLECAf et de l’Agenda 2063 sur la jeunesse, il est essentiel de suivre des indicateurs concrets et désagrégés, tels que:
- Le taux de chômage des jeunes;
- Le nombre de start-ups dirigées par des jeunes et exportant dans l’espace africain ;
- La proportion de l’économie informelle intégrée dans le secteur formel ;
- Le niveau d’inclusion financière des jeunes;
- Le taux de participation des jeunes dans les processus de décision liés à la ZLECAf.
D’ici 2030, et plus encore à l’horizon 2063, ce sont ces données qui permettront de dire si l’intégration africaine bénéficie réellement aux nouvelles générations.
Votre dernier mot?
Il ne peut y avoir de mise en œuvre effective de la ZLECAf sans l’implication active de la jeunesse africaine. Chaque initiative est une opportunité de bâtir une Afrique plus juste, plus unie et tournée vers l’avenir, portée par l’énergie, la créativité et la résilience de sa jeunesse. J’adresse donc un message fort à l’ensemble des États africains : pour tirer pleinement parti de la ZLECAf, il est impératif de prendre des décisions stratégiques et urgentes, notamment : La ratification complète de l’accord ; La conclusion des protocoles et annexes; La soumission des listes de concessions tarifaires pour les marchandises ;Et des engagements spécifiques pour les services.

L’avenir de l’Afrique se joue maintenant. Et il se construira avec sa jeunesse, ou pas du tout. La ZLECAf n’est pas simplement un accord commercial: c’est une vision continentale, un levier de transformation économique, sociale et générationnelle.
En posant les bases de ce projet en 2012, les dirigeants africains ont ouvert la voie à une Afrique plus intégrée, plus résiliente et plus ambitieuse. Mais cette Afrique ne peut raisonnablement se construire sans une implication active de sa jeunesse. L’employabilité des jeunes ne doit plus être un slogan, mais une priorité stratégique à concrétiser.
Cher Samba, InspireAndShine vous remercie chaleureusement pour votre contribution à cette analyse.
Comme lui, vous aussi pouvez partager votre expertise sur des sujets avec pour coeur la transformation sociale et économique en Afrique. Pour cela, faites-nous parvenir votre biographie à l’adresse suivante : contact@iinspireandshine.com.
Un merci spécial à Madina SEKONGO, qui a initié cette réflexion et dont la contribution précieuse a accompagné chaque étape de ce travail. Son expertise et son engagement ont permis de donner vie à cet article.
InspireAndShine
Pour tout savoir sur votre blog: Tout savoir sur InspireAndShine – InspireAndShine
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