
Visuels courts, percutants et colorés, audios aux rythmes variés, l’univers digital, et plus particulièrement les réseaux sociaux, voit émerger en 2020 une fonctionnalité qui s’impose de plus en plus comme The tendance en matière de création de contenu : les Reels.
D’ Abidjan à N’Djamena, de Libreville en passant par Casablanca et de Nairobi à Dakar, les utilisateurs, jeunes et moins jeunes, rivalisent de créativité sur les différentes plateformes sociales.
Trente à soixante secondes suffisent bien souvent pour convaincre un internaute, un follower ou même un simple passant et lui faire adopter un mode de vie, acheter un produit ou souscrire à un service.
Cette tendance, des jeunes créatifs ont su la transformer en un gagne-pain, et bien au-delà, en un veritable outil de plaidoyer à travers le storytelling. Aujourd’hui, dans analyse InspireAndShine reçoit une Reel Maker qui, au-delà de cette activité, incarne une cause qui lui tient profondément à cœur.
Avec elle, nous parlerons créativité mais surtout engagement.
Son nom: Cybille Houene.

ANALYSE
Bonjour Cybille ! Bienvenue sur le blog InspireAndShine. Avant tout propos, pourriez-vous nous dire en quelques mots qui est Cybille Houene et partager un pan de votre parcours, s’il vous plaît ?
Je suis Cybille Houene, jeune femme de 22 ans, passionnée de digital, de créativité et d’engagement communautaire. Je suis titulaire d’un BTS en communication visuelle et actuellement social media manager dans une entreprise de la place. Je suis aussi créatrice de contenus, reels maker et community manager à mon propre compte.
Pour vous à quoi renvoi les thèmes ‘’créativité’’ et ‘’plaidoyers’’, existeraient t-il une possible intersection entre ces deux thèmes ?
La créativité, pour moi, c’est l’imagination qui nous pousse à innover et à nous exprimer. Le plaidoyer, c’est l’art de défendre une cause, de convaincre.
Oui, il y a clairement une intersection! La créativité est un moyen puissant de plaidoyer. Elle peut être utilisée pour la sensibilisation autour de problèmes sociaux, que ce soit à travers des slogans accrocheurs ou des campagnes originales afin de mobiliser l’opinion publique. La créativité donne de la force aux plaidoyers, les rend plus mémorables et percutants.
Vous êtes passionnée de communication et créatrice de contenus, notamment à travers les reels. D’où vous vient cette passion et quel a été le déclic qui vous a poussée à vous y consacrer pleinement ?
J’ai toujours aimé être derrière la caméra et filmer. Je pense, pour ma part, que c’est de là que tout est parti. Créer du contenu, pour moi, c’est un moyen de m’évader, de me créer une autonomie mentale et de rendre des moments mémorables. Cette passion est née naturellement, et le déclic a été cette envie profonde de capturer et de créer des instants inoubliables.
Quelle est la cause qui vous tient le plus à coeur aujourd’hui ?
L’intégration des exclus dans les programmes sociaux et la prise en charge des personnes souffrant de drépanocytose est la cause qui me tient le plus à coeur aujourd’hui.
Pouvez-vous nous raconter ce qui vous a motivée à faire de cette cause un combat personnel et public?
Étant porteuse du gène de l’hémoglobine S, je suis donneuse génétique de la drépanocytose. Cette réalité personnelle m’a naturellement sensibilisée à la maladie. En côtoyant des personnes atteintes de drépanocytose de type SS ainsi que leurs familles, j’ai été frappée par le manque criant de prise en charge, de prévention et de sensibilisation autour de cette pathologie. J’ai aussi constaté combien ces personnes sont souvent stigmatisées et marginalisées. Face à cette injustice, j’ai ressenti le besoin profond de m’engager. Il était pour moi essentiel de faire entendre leur voix, de briser les tabous, et de rappeler que chaque Warrior mérite une place.

Y a-t-il un moment ou une expérience qui a renforcé votre engagement envers cette cause?
Oui, plusieurs expérience ont profondément renforcé mon engagement. En premier, les rencontres avec des familles extraordinaires, qui se battent chaque jour pour assurer le minimum de soins médical à leurs proches. Je pense notamment à Maman Diarrassouba, une femme admirable qui lutte sans relâche pour sa fille de 7 ans, atteinte de drépanocytose de type SSFA2. Elle est un symbole de résilience qui malgré les difficultés financières ne lâche rien. Cette dame m’envoie toujours beaucoup de force.
Et puis, il y a l’histoire de Sarah, ma petite Warrior, partie trop tôt. Elle partageait avec moi ses rêves, ses expériences, ses douleurs… Elle n’est plus avec nous emportée par la maladie, faute de soins et de prise en charge. Son histoire renforce ma lutte, et je suis déterminée à accomplir de grandes choses pour elle et pour les autres.
Comment avez-vous commencé à sensibiliser le public à la drépanocytose ? Y a-t-il eu un moment déclencheur ou une première action marquante qui vous a poussée à prendre la parole?
Oui, il y a eu un moment déclencheur. Un jour, je suis tombée sur un post où quelqu’un demandait des conseils face à une incompatibilité génétique avec son partenaire. Les réponses étaient alarmantes, pleines d’idées reçues. Je me suis donc dit : « Avec toutes les informations que j’ai, pourquoi ne pas créer un meet-up de sensibilisation et d’information pour participer à une prise de conscience chez un plus grand nombre ? » C’est là que j’ai eu l’idée d’organiser un premier meet-up pour sensibiliser, informer et aider les gens à mieux comprendre la drépanocytose.
Quels formats ou canaux avez-vous privilégiés au début pour faire passer vos messages? Était-ce principalement sur les réseaux sociaux, ou avez-vous aussi mené des actions de terrain?
Les réseaux sociaux ont été notre principal canal de communication au départ, car ils permettent de sensibiliser et d’informer rapidement un large public. Toutefois, notre engagement ne s’est pas limité au numérique. Nous avons également mené des actions de terrain: dans les rues, lors de conférences, et même au sein d’églises, afin de toucher des communautés plus diverses et parfois éloignées des médias en ligne.

Vous êtes la fondatrice de Drepa Hope. En quelques mots, c’est quoi Drepa Hope et quelle est sa mission principale?
DREPA-HOPE est une organisation engagée dans la lutte contre la drépanocytose. Sa mission principale est de sensibiliser et d’informer la population sur cette maladie, en mettant particulièrement l’accent sur l’importance du dépistage par électrophorèse. Nous accompagnons les personnes atteintes, notamment les enfants et les adolescents issus de familles en situation de précarité. À travers nos actions, nous visons à réduire le nombre de nouveaux cas de drépanocytose en Côte d’Ivoire, en Afrique, et dans le monde.
Sur InspireAndShine, nous croyons que la créativité peut être un puissant levier de plaidoyer. Comment utilisez-vous vos talents en communication et en création de contenu pour sensibiliser à la drépanocytose?
Je mets mes compétences en communication et en création de contenu au service de la sensibilisation à la drépanocytose, notamment à travers des vidéos type storytelling qui racontent des parcours de vie, des témoignages, et des messages d’espoir. Je conçois également des visuels pédagogiques et accessibles, qui expliquent des notions clés comme l’accouplement génétique et la compatibilité des types sanguins. J’utilise les réels pour partager des moments de campagne terrain effectué sous forme de réels Recap ou sous forme de vidéo interview pour sensibiliser sur la drepanocytose . Les réels sont d’excellents canaux de plaidoyers. En parallèle, j’interviens régulièrement lors de panels, conférences et formations dédiés à l’information sur la maladie. Je suis convaincue que la parole et l’image, lorsqu’elles sont bien utilisées, ont le pouvoir de toucher, d’éduquer et de mobiliser.
Comment selon vous les réseaux sociaux peuvent-ils amplifier les messages de plaidoyer autour de la santé et des maladies génétiques comme la drépanocytose ?
Pour moi, les réseaux sociaux sont de puissants amplificateurs. Ils permettent de toucher un public large et diversifié. Ils facilitent aussi le partage d’informations, de témoignages, d’expériences. Ils contribuent à briser les tabous, créer une forme de solidarité, et mobiliser des communautés de patients, de familles et de professionnels de santé. Certaines fois, on peut même réussir à réunir des fonds ou intervenir en cas d’urgence.
Comment les jeunes créatifs et créatives peuvent-ils, selon vous, s’impliquer dans des causes sociales et contribuer à un changement durable?
Je pense que les jeunes créatifs.ves ont un rôle essentiel à jouer dans les causes sociales. Grâce à leurs talents, ils peuvent concevoir des campagnes percutantes, produire du contenu visuel ou narratif qui éveille les consciences, et utiliser leur voix pour porter des messages forts. En collaborant avec des ONG, des associations ou même en lançant leurs propres initiatives, ils peuvent transformer leur créativité en un véritable levier de changement.
Pour vous, à quoi ressemble un monde idéal ? Quelles valeurs ou transformations aimeriez-vous voir émerger dans notre société pour qu’elle soit plus juste, inclusive et humaine?
Pour moi, un monde idéal, c’est un monde de paix, de liberté, sans maladies ni pauvreté. Un monde sans violence ni discrimination. Un monde où les personnes malades ne sont pas jugées, où dit exagérer.
J’aimerais voir plus d’empathie et de solidarité. Que chacun respecte les différences et s’engage pour l’égalité. Il faut que l’on se soucie davantage de la santé physique et mentale des autres, pour construire une société plus saine.
Si vous deviez passer un message aujourd’hui à d’autres jeunes engagé.e.s ou à ceux qui hésitent encore à se lancer, que diriez-vous ?
À ceux qui hésitent : lancez-vous ! Osez et impactez ! Chaque action compte, chaque voix est importante. On a besoin de vous, de votre énergie, de vos idées pour construire un monde meilleur. N’ayez pas peur de faire bouger les choses. Car notre créativité prend tout son sens lorsqu’elle est mise au service de bonnes actions.

L’art, le design, la vidéo, l’écriture ou encore la musique ne sont pas de simples moyens d’expression. Ils constituent des leviers puissants d’éveil des consciences, mobilisant les esprits et contribuant à faire évoluer les mentalités. Aujourd’hui, le digital amplifie leur portée et les transforme en moteurs incontournables du changement. Les jeunes créatifs africains l’ayant compris s’en emparent de plus en plus avec pour objectif : contribuer à construire un monde plus juste, plus durable.
Notre invitée incarne parfaitement cette dynamique.
Chère Cybille, InspireAndShine tient à vous remercier pour votre engagement en faveur de toutes les personnes porteuses de drépanocytose et de leurs familles. Puissent vos actions influencer positivement la vie de plusieurs, et bien au-delà, contribuer à stopper la maladie.
Comme elle, vous pouvez vous aussi devenir acteur du changement.
Le monde n’attend que vous !
Raissa Sawo Kouadio
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