Dans un monde de plus en plus digitalisé, les réseaux sociaux occupent une place centrale dans notre quotidien. Ce monde virtuel influence désormais nos opinions, nos comportements, et parfois même nos choix les plus intimes. Quelle est donc la place de l’engagement dans cet univers façonné par les algorithmes ?
Cette semaine dans analyse, nous parlerons création de contenu et plaidoyer pour le changement social avec une jeune ivoirienne pour qui la créativité est une seconde nature, et le digital, une véritable passion.
Son nom: Aurore Dorcas ZOROBI
Analyse
Bonjour Dorcas! Bienvenue sur le blog InspireAndShine. Avant tout propos, pourriez-vous nous dire en quelques mots qui est Dorcas ZOROBI et partager un pan de votre parcours, s’il vous plaît ?
Bonjour! Je suis Dorcas ZOROBI, 21 ans, mais sur les réseaux on me connaît sous le nom d’Aurore Lacreative. J’exerce actuellement en tant que Chargée de Communication et Marketing, tout en poursuivant des études en cours du soir en Publicité Marketing. Mon parcours a été marqué par une réorientation. J’ai d’abord commencé par des études en cinématographie, avant de me tourner vers la publicité et le marketing pour des raisons d’évolution professionnelle. Mais, j’ai toujours gardé cet esprit créatif lié à la réalisation et au montage, d’où mon activité parallèle de reels maker à temps partiel.
Nous vous savons engagé communautairement, qu’est ce qui a suscité le déclic et vous as poussé vers l’engagement social?
J’aime, depuis toujours, apporter de l’aide aux personnes dans le besoin. Avec le temps, j’ai fini par comprendre que je souffrais du syndrome « du sauveur »: celui qui pense devoir absolument aider tout le monde!
Le véritable déclic est venu quand j’ai commencé à chercher des opportunités au sein d’institutions internationales, dans l’espoir d’acquérir de l’expérience tout en contribuant, à mon échelle, à un changement positif.. Je suis finalement tombée par le plus grand des hasard sur un programme de l’UNICEF où il fallait choisir sa catégorie et produire du contenu sur la thématique du travail des enfants. J’ai sans hésiter opter pour le « Vlogging ».
Honnêtement, je ne pensais pas être sélectionnée parce qu’à l’époque, je manquais encore de confiance en moi. Mais quand j’ai appris que j’avais été retenue parmi près de 1000 candidatures, je n’avais jamais ressenti une telle fierté.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le type de causes sur lesquelles vous êtes portée et partager des moments ou des réalisations dont vous êtes particulièrement fière ?
Je suis principalement portées vers les enfants en situation de précarité. Je ne communique pas souvent sur cet aspect de mon engagement, voire pas du tout, mais c’est ce qui me tient le plus à cœur.
Le moment qui m’a le plus marquée, c’est quand avec mon amie Marie Emma Kassi, nous avons rencontré un enfant qui vivait dans la rue. Au début, il nous a menti sur son histoire, certainement par peur, mais nous avons rapidement compris que c’était un enfant très attachant. J’ai investi plus de la moitié de ma scolarité universitaire pour cette situation. (Mes parents ne l’ont jamais su d’ailleurs). On a fait le tour des commissariats, des églises, des mosquées pour lui trouver un endroit où dormir, mais rien ne marchait.
Finalement, sur conseil de la mère d’Emma, nous nous sommes rendues dans un centre social, qui nous a orientées vers le palais de justice. Après une longue journée de démarches administratives, il a pu être accueilli dans un centre d’hébergement. Cela fait maintenant plus d’un an. Aux dernières nouvelles, sa famille n’avait toujours pas été retrouvée, mais il suivait des cours et semblait s’épanouir.
Nous vous savons aussi très créative alors parlez-nous de ‘’Aurore la Créative ‘’ et à quel moment elle se lance dans la création de contenu alliant art, communication et innovation digitale ?
Aurore la Créative est née de la fusion entre ma passion pour la création visuelle et mon parcours professionnel en communication. Cette identité s’est naturellement construite lorsque j’ai réalisé que mes compétences en montage et réalisation, acquises depuis le lycée pouvaient parfaitement s’accorder à mes études en publicité marketing.
Le lancement dans la création de contenu s’est fait progressivement. D’abord, par passion personnelle à travers des vidéos souvenirs personnelles, puis de manière plus structurée quand j’ai intégré l’un des programmes de l’UNICEF. J’ai alors compris que la création de contenu pouvait être un véritable vecteur d’engagement et d’impact social.
Comment définiriez-vous la création de contenu ? Pensez-vous les réseaux sociaux avoir vocation d’instrument de plaidoyer et d’influence positive ou de divertissement exclusif ?
On le constate de plus en plus : les contenus ne sont plus uniquement orientés vers le divertissement. De nombreux jeunes créatifs talentueux ont compris que l’éducation et l’information peuvent également passer par la création de contenu. Lorsqu’un grand nombre de voix s’expriment à travers ces formats, elles peuvent atteindre une portée remarquable. L’erreur serait de réduire cet art émergent de l’influence à des stéréotypes, ce qui freinerait considérablement les avancées possibles pour la jeunesse.
Selon vous, comment la création de contenu peut-elle contribuer à faire évoluer les mentalités et les perceptions sur certaines problématiques sociales ?
La création de contenu à ce moyen de rendre accessible des sujets complexes et de pouvoir atteindre une plus large audience. La création de contenu peut justement démocratiser l’accès à l’information et à la sensibilisation. En utilisant des formats adaptés à différents types de publics, nous pouvons toucher des audiences qui ne seraient peut-être pas atteintes par des canaux traditionnels.
Avez-vous des exemples de campagnes en ligne ici en Afrique de l’Ouest qui ont réussi à mobiliser des communautés autour de causes sociales ?
La campagne « 16 jours d’activisme pour la ligue » me vient immédiatement à l’esprit. Cette campagne, mobilise chaque année sur les réseaux sociaux avec des hashtags, elle sensibilise contre les violences basées sur le genre et invite à les dénoncer. Ce qui est impressionnant, c’est comment cette campagne réussit à transformer l’indignation en actions concrètes. Les réseaux sociaux deviennent un espace de témoignages, de sensibilisation et de mobilisation communautaire autour de cette cause qui touche plus d’une femme sur trois dans le monde.
Quel est, selon vous, le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion de messages engagés ?
Les réseaux sociaux jouent un rôle d’amplificateur de la prise de parole. La force des réseaux sociaux, réside dans sa capacité à créer des mouvements viraux autour de causes, à sensibiliser massivement et rapidement parce qu’aujourd’hui de plus en plus de personnes sont connectés. Cependant, avec ce pouvoir vient une responsabilité. Il est primordial de vérifier l’information et de porter des messages constructifs. Ce qui n’est malheureusement toujours pas le cas.
Comment les créateurs et créatrices de contenu peuvent-ils collaborer avec des associations, des jeunes engagés ou des structures sociales pour maximiser l’impact de leurs messages?
La collaboration doit être basée sur la complémentarité des compétences. Les créateurs apportent leur expertise en communication et leur capacité à toucher des audiences, tandis que les associations et structures sociales apportent leur expertise terrain et leur crédibilité. Il est essentiel de créer les contenus ensemble. Cela implique de comprendre réellement les enjeux, de passer du temps sur le terrain, et de s’assurer que le message respecte la réalité. C’est pourquoi je privilégie les collaborations où je peux m’impliquer personnellement, afin de pouvoir relayer une histoire qui témoigne bien de ce qui doit être retenu par des personnes qui elles ne l’ont pas vécu directement.
Quel message aimeriez-vous transmettre aujourd’hui à d’autres jeunes créateurs et créatrices de contenu ?
N’ayez pas peur de manquer de confiance en vous. L’erreur serait de croire que nous sommes seuls à traverser cette situation. Nous sommes nombreux à nous demander, chaque jour, si nous sommes légitimes. Mais au fond, on ne le saura jamais si l’on ne franchit pas le pas. Utilisez votre créativité. Ne vous contentez pas de divertir, éduquez, sensibilisez quand vous le pouvez. Le monde a besoin de vous sinon, vous ne seriez pas ici. Enfin, restez authentiques. Restez vous-mêmes!
»AUTHENTICITÉ »
Ce mot incarne, dans toute sa profondeur, l’esprit de cette série spéciale dédiée à la créativité et à l’engagement. Une série mettant en lumière une jeune génération africaine, consciente des enjeux mondiaux et de la puissance de l’innovation, capable de transformer radicalement notre environnement. Parmi eux, notre invitée de la semaine qui se distingue par son aisance dans le domaine digital, l’ utilise comme un levier de changement.
Chère Aurore, InspireAndShine te félicite chaleureusement pour ton engagement et tes actions en faveur du changement. À l’instar d’Aurore, vous êtes appelés à utiliser vos talents pour mener la transformation avec bienveillance et détermination.
Comme Aurore, vous pouvez vous aussi devenir un leader du changement durable en mettant votre créativité au service de solutions innovantes pour le développement du continent.
Le monde n’attend que vous !
Raissa Sawo Kouadio
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