Dans un monde où les préjugés et les stéréotypes persistent, il est essentiel de reconnaître et de célébrer les individus qui défient les attentes. Bienvenue sur InspireAndShine, pour ce nouveau numéro, je suis particulièrement enchantée de vous présenter un profil unique, représentatif de l’unité de combat que les hommes et les femmes pourraient mener ensemble pour un monde meilleur.
Notre invité du jour incarne le concept de « vous n’êtes pas seules » par un homme. Sur InspireAndShine, j’ai souvent présenté des profils de femmes aux côtés d’autres femmes, mais jamais d’hommes aux côtés de femmes. Et je vous l’assure, c’est avec beaucoup de joies que j’ecris cet article.
Celui que j’aimerais vous presenter aujourd’hui, incarne l’espoir et la détermination pour un monde meilleur. Son nom: MBOUNGOU-TSOUMBOU Yann Appostrophe
MBOUNGOU-TSOUMBOU Yann Appostrophe
MBOUNGOU-TSOUMBOU Yann Appostrophe est un jeune Africain venant de la très belle ville de Dolisie en République du Congo connu sous le nom de Yann MBOUNGOU. Un passionné de la communication digitale et de la santé Sexuelle et reproductive des jeunes, il est l’initiateur d’un programme dénommé Je Vis Sans Honte, un programme d’éducation des jeunes en matière de santé Sexuelle et reproductive et dans la promotion des droits des femmes mais qui lutte particulièrement sur la précarité menstruelle. Il a travaillé sur des initiatives en SSR au Burundi, en Uganda et au Kenya. Activiste climatique et Sensibilisateur-Facilitateur des connaissances environnementaux pour les enfants de 7-12 ans et U-Reporter dans des actions liées au climat, les droits de l’enfant, la santé sexuelle des jeunes avec l’Unicef Congo. Grâce à son impact positif sur la promotion des droits des femmes et sur la masculinité positive, il est le seul homme d’avoir participé à la 5ème retraite intergénérationnelle du réseau des femmes leaders Africaines AWLN depuis son histoire en République du Congo. Porteur d’un projet Femme, il est parmi les 5 jeunes Activistes et influenceurs et le seul homme au milieu de 4 femmes qui travaillent dans le cadre de la campagne #OurVoiceOurFuture avec European External Action Service soutenu par la Delegation de l’Union européenne au Congo en collaboration avec l’ambassade de France en République du Congo. Yann est bénéficier du programme YALI Regional Leadership Center East Africa Cohorte 45 et du programme YALI RLC TOT cohorte 1 pour la formation de formateurs en systèmes d’information, de communication et en développement communautaire durable pour les Adolescents et les jeunes gradué à Kenyatta University. Aussi, Yann est bénéficier de Clinton Global Initiative University en février 2023, MEMBRE de la Société civile sur des questions liées aux Femmes et Genre, aux Enfants et Jeunes et à l’environnement avec YOUNGO et Membre de la commission tic- tac ado, le projet de SR en ligne sur la sensibilisation des adolescentes en matière de santé sexuelle et reproductive financé par le Fond des Nations Unies pour la Population en partenariat avec le MAJ & ACBEF Congo. En Août 2023, il est apparu dans le Magazine Faces of YALI RLC EA Kigali, Rwanda qui relate les histoires impressionnantes et impactantes des jeunes leaders Africains qui ont un impact significatif au niveau du Continent grâce à leurs initiatives. Dans le cadre du Mois de la femme, le 07 mars 2024 il est choisi comme OVNI dans tous les portraits femmes réalisés par la Délégation de l’Union Européenne au Congo en partenariat avec l’institut français du Congo et l’ambassade de France au Congo grâce à des actions qu’il mène dans l’accès des femmes à une meilleure hygiène menstruelle à travers son programme pour montrer que les droits des femmes concernent aussi les hommes. Ce qui lui a permis de devenir le tout premier homme en République du Congo à participer à une table ronde qui parle des histoires impressionnantes des femmes en République du Congo qui font bouger les choses grâce à des initiatives qui inspirent. Depuis le 30 janvier 2024, il est sélectionné individuellement en tant que jeune leader potentiel talentueux dans un pays en développement avec le programme Kectil 2024. Yann est un passionné de santé sexuelle et reproductive, de la communication digitale et Blogueur benevole avec l’UNICEF Congo. Pour Yann, pour changer une communauté, un pays ou un continent il faut miser sur sa jeunesse qui doit prendre conscience et devenir des modèles et exemples à suivre.
Entretien avec MBOUNGOU-TSOUMBOU
Bonjour Yann, Bienvenue sur InspireAndshine, je suis heureuse de vous recevoir. Alors dites-nous tout, quel est l’état de la question du harcèlement sur la jeune fille dans le milieu scolaire dans votre pays?
Bonjour Raissa, c’est aussi un plaisir pour moi de m’entretenir avec vous. Pour repondre à votre question,il ne serait pas excessif de penser que les violences en milieu scolaire sont l’une des causes des déperditions d’effectifs scolaires en République du Congo. Il faut retenir que le harcèlement des jeunes filles dans les écoles de la République du Congo est une préoccupation sérieuse comme dans de nombreux autres pays. Selon une étude de l’UNICEF en novembre 2020, plus de sept élèves sur dix au Congo subissent des violences dans les écoles et en ligne et les conséquences peuvent être graves, allant de la baisse des performances scolaires à des problèmes de santé mentale et de bien-être. Les autorités congolaises ont pris des mesures pour lutter contre ce problème, notamment en mettant en place des politiques un engagement que nous démontre Monsieur Anatole Collinet Makosso, Premier Ministre, Chef du gouvernement qui avait déclaré je cite « Donner à tous les élèves du pays l’opportunité d’apprendre dans un contexte de sécurité est une priorité pour la politique du Gouvernement Congolais. ». Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour garantir la sécurité et le bien-être des jeunes filles dans les écoles.
Pouvez-vous nous parler de ce qui vous a motivé à vous engager contre ce fléau ?
Je parlerai des rencontres que j’ai fais dans mon adolescent, il faut remonter le temps, rire !!! En classe de 4ème j’avais une amie qui ne pouvait pas faire le cours d’histoire et géographie. À chaque fois que le professeur rentrait, elle sortait et personne dans la salle ne comprenait. Jusqu’à un jour, en revenant de l’éducation physique et sportive communément appelé EPS que j’aborde ce sujet. Pour la première fois, elle dévie la conversation mais j’avais compris qu’elle avait honte d’en parler et automatiquement j’ai changé de sujet. C’est pendant la pause que j’insiste sur la question et me répond tu ne vas jamais comprendre, me réponds telle. Alors j’ai décidé de ne plus en parler. 3 semaines après, nous avons eu un devoir et elle n’était pas là. Ça m’a inquiété et j’ai commencé à l’harceler en disant que je vais t’accuser chez ta maman parce qu’à chaque fois tu manques les devoirs d’histoire. C’est la que je découvre que le professeur lui demandait de coucher avec lui si non elle aura toujours zéro à sa matière même si elle compose ou pas. Je ne parlais pas bien avec le Directeur des Études alors j’ai demandé de voir directement le Directeur. C’est comme ça que mon combat commence. Depuis lors, j’ai décidé de défendre plusieurs jeunes filles que ça soit au lycée et à l’université avec l’unique objectif donner aux filles et femmes le courage de sortir de leurs silences qui parfois font qu’elles ne poursuivent plus leurs scolarités parce qu’elles se disent dans la plupart qu’on ne va jamais les croire parce qu’elles sont belles et c’est normale que ça leurs arrivent.
Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confronté dans votre lutte ?
Écouter les jeunes dire que je n’ai pas ceci cela, que je ne peux pas le faire, ce n’est pas moi qui va le changer, où et que fait l’état ? Ce n’est pas fait pour moi!… sont mes plus grands obstacles pour mon engagement. Imaginez si chaque jeune devrait porter sa voix et crier à haute voix sur ce qu’il pense et croit ? Imaginez si chaque jeune devrait être la solution au problème qui lui dérange dans sa communauté, son pays tout en jouant un rôle important sur notre continent et être une voix dans le monde sur ce sujet. Imaginez si chaque jeune arrêtait de se plaindre et se mettrait dans l’action pour être un modèle ou une source d’inspiration ? Je pense que croire juste au potentiel et au pouvoir participatif des jeunes via les campagnes digitales et en personne ne suffisent pas. Et deuxièmement, nous devons nous poser des bonnes questions par exemple : Quel est le monde que nous voulons ? Nous voulons d’un monde qui œuvre dans la promotion et à la protection des droits des femmes; Nous voulons d’un monde qui lutte contre le changement climatique; Nous voulons d’un monde qui fait la promotion du développement durable; Nous voulons aussi d’un monde où il y’a la mise en place des stratégies de préventions des conflits; Nous voulons d’un monde où les filles et femmes ne sont pas victimes de tout type d’agression ou d’harcèlement; Nous voulons d’un monde où les droits de femmes sont respectés. Mais quel leadership développons nous pour cela ? Des tas de questions sans réponse sont mes principaux défis auxquels je suis confronté tous les jours dans ce combat passionnant.
Comment votre communauté réagit-elle à vos initiatives?
Je dirai, que ma communauté c’est ma force. Vous savez, si vous gagnez la confiance des personnes qui sont confrontées à un problème et vous venez à leurs côtés avec courage et détermination en leurs disant que nous pouvons les faire ensemble au moment où c’est ce qu’elles attentent, tout le monde vont vous suivre. Grâce à seulement une campagne de sensibilisation que nous avons effectuée en février 2023 avec les collégiennes et étudiantes, vous ne pouvez pas imaginer par semaine nous avons des tomates d’appels où les jeunes filles nous demandent des conseils, ont besoin de notre assistance parce qu’elles ont trouvé des personnes de confiance qui comprennent leurs problèmes et prêtes à se battre à leurs côtés.
Quels sont les programmes ou les actions que vous avez mis en place pour sensibiliser et prévenir ce problème de société?
De nombreux jeunes sont victimes de violences en milieu scolaire. on note comme exemple de violences, le harcèlement sexuel qui peut être perçu à plusieurs niveaux, soit entre élèves, entre élèves et enseignants. Par manque de moyen pour certaines et à cause de leur beauté pour d’autres, plusieurs filles sont victimes des harcèlements sexuels en milieu scolaire. 1/3 des filles qui ont des mauvais résultats sont parfois harcelées par leur professeur. D’autres parfois échouent à cause d’avoir refusée de ce plier à un professeur qui a voulu avoir un rapport sexuel avec elle. Face à cette réalité que vivent les filles du monde et les filles Congolaises ne sont pas épargnées, mon programme organise de moment de sensibilisation en milieu scolaire à travers notre concept »NON AUX HARCÈLEMENTS » qui vise à montrer aux jeunes filles à travers des projection vidéos, les différentes formes d’harcèlement qu’elles peuvent être victimes ça peut être entre élève et enseignants. Mais les réalités du terrain nous pousse à mettre en place une plate-forme qui va devoir permettre aux femmes de libérer leurs voix sur cette question. Nous organisons aussi des émissions où nous abordons ce sujet qui brise le rêve de plusieurs jeunes filles en République du Congo.
Quels sont les résultats ou les succès que vous avez obtenus jusqu’à présent ?
Voir des jeunes filles aujourd’hui nous contacter pour dénoncer leurs harceleurs et demander de l’assistance de notre part et après avoir trouver gain de cause à propos de leurs situations sont les succès qui nous rendent fière en seulement une année d’existence depuis le lancement de notre programme. Plus, de 200 Adolescentes et jeunes filles être informées sur les droits qui les concernent nous rend fière de nous et nous motive à mener plus d’actions concrètes avec le soutien des partenaires techniques que nous avons contacté pour vos futurs activités de terrain.
Comment envisagez-vous d’élargir l’impact de votre travail à l’avenir ?
Nous envisageons de créer une plateforme d’assistance qui va permettre aux personnes victimes d’harcèlement ou de violences de libérer leur parole, trouver de l’aide en ligne et de sensibiliser les victimes de violences basées sur le genre. Nous croyons que cette plateforme apporte une réponse adéquate, proactive, permanente et personnalisée aux personnes victimes de violences en protégeant leur santé mentale à travers une oreille attentive 24/24h et 7/7jours. Aussi, nous voulons mener des campagnes de masses dans les écoles, universités et dans les communautés dans ce sujet parce que ce problème ne s’arrête pas seulement en milieu scolaire même dans les communautés il y’a beaucoup de cas enregistré.
Quels sont vos conseils pour d’autres jeunes qui souhaitent s’impliquer dans des causes sociales comme la vôtre ?
Je commencerai par dire que toutes les façons de s’impliquer sont bonnes. S’engager, c’est l’opportunité de mettre en action les valeurs que vous portez tout en ayant une utilité sociale. En vous engageant, vous vous accomplirez personnellement à travers vos missions. Vous découvrirez sans doute vos forces et vos limites et apprendrez donc à mieux vous connaître. Parfois, je rencontre des jeunes qui vivent des réalités dans nos communautés auxquelles ils peuvent devenir la solution mais ils refusent et espérant que quelqu’un d’autre viendra le faire. Chère jeune, lancez vous parce que quelque part, il y’a un jeune qui a besoin d’un exemple à suivre. Faisant de nos communautés des communautés que nous voulons et je crois au changement par les jeunes et pour les jeunes c’est possible. C’est à nous de résoudre des problèmes auxquels nous sommes confrontés, alors devenant les solutions des problèmes auxquelles nous sommes confrontés.
Comment voyez-vous le rôle des autorités locales et du gouvernement dans la lutte contre le harcèlement des jeunes filles en milieu scolaire ?
Moyen je dirai, Parce qu’il n’y a pas assez d’événement ou de moment de sensibilisation sur le terrain malgré la ligne verte que le ministère de la promotion de la femme a déjà mise en place, une initiative que je félicite mais il ne faut pas s’arrêter par là. L’implication du ministère de la jeunesse et des sports, de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur, du ministère de la Défense, du ministère de la justice dans l’application des textes déjà réglementés sera une force majeure pour combattre le harcèlement scolaire, que ce soit dans la classe, la cour de récréation ou à travers les écrans. Mais, il faut dire que nous sommes dans un bon début de chemin en ce qui concerne les réglementations qui existent déjà sur les violences faites aux femmes mais dans l’application nous sommes encore loin de nos réalités, je crois qu’avec un peu d’effort et d’implication nous allons y arriver.
Quels sont les plus grands obstacles que vous rencontrez dans votre engagement?
Pour moi, les plus grands obstacles sont certaines croyances qui amènent parfois aux découragements. A cela s’ajoute, des obstacles d’être et de se faire écouter. Souvent, les victimes ne veulent parler à personne parce qu’elles se disent persécutées par les avis et jugements qui leurs seront portés. A cela s’ajoute, les moyens financements qui parfois font partie des freins pour aller où le problème est vécu afin de sensibiliser, écouter et analyser l’état de la situation vers les victimes parce s’il faut créer une proximité avec les jeunes filles pour qu’elles vous partagent leur problème si non aucune information sera à votre disposition et on connaîtra rien à ce sujet même lorsque nous effectuons les enquêtes dans ces questions.
Quel message aimeriez-vous transmettre aux jeunes qui pourraient être victimes de harcèlement scolaire ou aimerait s’engager ?
Je suis convaincu que l’État ne peut pas tout faire seul à son humble niveau, alors chacun peut faire bouger les choses dans nos communautés, nos villes, villages et les rendre meilleures, ma passion pour la lutte contre les droits de femmes, le partage et l’Afrique avec un rêve de voir des jeunes en particuliers. les filles ou femmes se mobiliser pour faire entendre leurs voix c’est là que va commencer une transformation du monde parce que nous devons mener une deuxième révolution en quelques sortes sur des sujets qui nous concernent et qui sont devenus des freins pour notre développement et épanouissement. Aux jeunes filles qui pourraient être victimes de l’harcèlement scolaire, libérez vos voix, n’ayez crainte de rien qui qu’il soit votre harceleur. Je vous invite en même temps de connaître vos droits qui est une force pour vous exprimer, défendre et faire entendre votre voix qui détermine votre épanouissement. Aux jeunes qui aimeraient s’engager, identifiez le problème que vous voulez être la solution et unissons-nous, partageons nos pensées et façonnons le futur que nous voulons avec des personnes qui ont déjà commencé ces combats avant nous. Comme les Éthiopiens ont l’habitude de dire, quand les toiles d’araignées se combinent ils peuvent même attraper un lion et le lion que nous devons attraper c’est l’injustice qui règne dans nos communautés, pays, sur le continent et dans le monde. Pourquoi pas se mettre ensemble et faire entendre nos voix qui determinent notre futur sur des problématiques que nous faisons face dans nos communautés, pays, sur le continent et dans le monde.
Ils sont jeunes et font de l’engagement social leur cri de coeur. Ils sont engagés et croit au changement. Comme Yann, vous pouvez vous aussi vous engager. Le monde n’attend que vous !
Un grand merci à Yann pour avoir accepté de partager son expérience à travers cet interview.
InspireAndShine est un blog engagé crée en 2020 par Raissa KOUADIO, une jeune activiste ivoirienne. Son objectif : susciter le changement social à travers l’innovation digitale.