Passionnée d’engagement social et assurer que nous pouvons avec des efforts collectifs parvenir à un monde meilleur, c’est toujours un plaisir pour moi de mettre en lumière des jeunes engagées les leaders ayant la même aspiration et faisant véritablement changer le monde.
Aujourd’hui, je vous emmène au Niger avec Rakia ABDOULAYE ISSA BOUBE, une jeune nigérienne de 25 ans faisant bouger les choses. J’espère après lecture de cet interview, faire émerger une graine de leader longtemps enfouie en un(e)jeune hésitant encore à se lancer.
Rakia ABDOULAYE ISSA BOUBE
Titulaire d’un double master en comptabilité contrôle audit et gestion de projets.Rakia a à son actif plusieurs années d’expérience dans le bénévolat. Co-fondatrice de l’association des ARDALOS, Rakia ABDOULAYE ISSA BOUBE est membre de plusieurs autres structures de jeunesse en tant que bénévole dont l’association YALI RLC Niger dont elle est la présidente depuis juin 2022.
Entretien avec Rakia
Comment définiriez-vous l’engagement social et que représente pour vous cette notion ?
L’engagement social est un don de soi. C’est le fait de servir sa communauté et aider ses pairs sans rien attendre en retour qui soit pécuniaire. Cette notion de plus en plus connue par les jeunes représente une source d’inspiration et de courage dans le sens où s’adonner à des activités à caractère social procure une satisfaction sans égale la plupart du temps.
Comment est née ARDA YESSO? Quelle est la cause, l’objectif de développement durable qu’elle porte ?
L’association des ARDALOS (ARDA YESSO) est née à la suite d’une discussion entre d’anciennes camarades d’école. L’idée première était de créer un cadre de rencontre et d’échanges entre jeunes nigériens qui aspirent à changer positivement le pays à travers des actions concrètes. La cause défendue par cette association est celle des personnes vulnérables (orphelins et personnes en situation de handicap). Sur le très long terme, cette association vise à davantage promouvoir le leadership des jeunes, initier les jeunes au bénévolat. Cette association touche les domaines de l’éducation, de la santé et de l’environnement à travers quelques activités et projets qu’elle met en œuvre.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistent vos initiatives de développement et comment visent-elles à aider les populations défavorisées au Niger ?
Les activités et projets qui sont mis en œuvre ont pour dessein l’amélioration des conditions de vie de certaines personnes vulnérables.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles sont confrontées les populations que vous aidez, et comment vos projets cherchent-ils à résoudre ces problèmes de manière novatrices ?
La plupart de ces personnes vulnérables que nous aidons sont frappées par la précarité. Le plus souvent, même le besoin primaire qu’est s’alimenter n’est pas couvert et cela les pousse certaines fois dans des situations inconfortables telles que la mendicité, la prostitution, la délinquance. À travers nos activités, nous organisons des levées de fonds avec un orphelinat bénéficiaire. Nous avons également deux projets mis en œuvre et pilotés par nos bénévoles qui visent à autonomiser des jeunes filles et garçons pour certains orphelins et pour les autres dont les parents sont en situation de handicap. L’idéal pour nous sur le long terme ce n’est pas de continuer à nous battre pour leur offrir du poisson mais de leur apprendre à pêcher.
En quoi consiste l’implication spécifique des jeunes dans vos projets, et comment avez-vous réussit à mobiliser la jeunesse pour participer activement au développement des communautés ?
Les jeunes sont le moteur et le cœur de nos activités. Ils sont substitués en groupe et ils mettent en œuvre les activités et font même le suivi. Ils assurent la continuité et la pérennisation des initiatives. Ce sont des jeunes qui nous ont rejoint au fil du temps. Ils ont été charmés et intéressés lorsqu’ils avaient vu l’impact de nos actions aussi minimes soient elles et depuis lors ils sont notre force.
Quelles sont les techniques innovantes que vous utilisez pour sensibiliser et éduquer les jeunes sur l’importance de s’impliquer dans le développement de leurs communautés ?
La meilleure technique que nous ayons trouvée est l’approche participative. Nous invitons les jeunes à nous accompagner sur le terrain et nous les responsabilisons. A travers ces actions concrètes, ils comprennent eux-mêmes les avantages qu’ils ont dans leurs vies respectives et par la même occasion l’importance d’aider les plus vulnérables. Nous avons très tôt compris qu’il ne fallait pas uniquement sensibiliser sur l’importance mais plutôt montrer cette importance.
Pouvez-vous partager une histoire inspirante ou un exemple concret de l’impact positif que vos projets ont eu sur la vie d’une communauté ou d’un individu ?
Il s’appelle Niandou. Il s’agit du placement et de la scolarisation d’un enfant (orphelin). Cet enfant est orphelin de père et sa mère souffrait d’une maladie mentale qui l’empêchait de s’occuper de lui. Il avait moins de 7 ans à l’époque et nous avions été contacté par une dame qui nous a parlé de sa famille. Cette dame qui nous a fait part de sa situation et nous a demandé de bien vouloir aider cet enfant. Nous sommes donc allés rencontrer une dame qui connaissait directement sa famille. Après qu’elle nous a expliqué clairement le sujet et qu’elle nous a dit qu’aucun membre de la famille proche de l’enfant ne pouvait le prendre, nous nous sommes rendus dans un orphelinat pour nous enquérir de leur capacité et de leur volonté d’accueillir cet orphelin. L’orphelinat nous a expliqué que cet enfant était mineur et que, par conséquent, l’orphelinat n’avait pas le droit de prendre le directement. La procédure exige de passer d’abord par un juge des mineurs qui évaluera la situation et décidera de délivrer ou non une ordonnance de placement pour l’enfant. Nous sommes allés voir un juge avec notre équipe, qui nous a expliqué qu’elle avait besoin d’au moins l’acte de naissance de l’enfant pour pouvoir le placer. Cette procédure a pris beaucoup de temps, mais nous avons finalement pu trouver l’acte de naissance. Ensuite, nous avons eu besoin de l’acte de naissance du père ou de la mère. Il nous fallait ensuite l’acte de naissance du père ou du tuteur légal, et nous avons pu trouver l’acte de son oncle qui avait accepté de le placer dans une famille d’accueil. Et nous avons pu délivrer un certificat de nationalité à l’enfant.
Le dossier ayant été constitué, le juge a finalement rendu l’ordonnance de placement et l’enfant a été emmené à l’orphelinat. Au début, l’enfant était très réservé et toujours dans son coin car il ne connaissait personne, mais il s’est rapidement intégré et adapté et, après quelques mois, il était devenu plus extraverti et jovial. Cet enfant aurait pu perdre la vie s’il était resté vivre auprès de sa mère, donc c’est une fierté pour nous que ça ait finalement abouti.
Comment mesurez-vous le succès de vos initiatives, en particulier en ce qui concerne l’autonomisation des jeunes et l’amélioration des conditions de vie des populations défavorisées ?
Nous mesurons ce succès à travers le nombre d’enfants qui n’ont pas abandonné et qui continuent à se battre pour se frayer un chemin et se faire un nom.
Comment prenez-vous en compte la diversité culturelle et les particularités locales dans la conception et la mise en œuvre de vos projets au Niger ?
Notre diversité est notre force dans le sens ou cette diversité nous pousse chaque jour à surmonter nos peurs et à redoubler d’efforts pour comprendre et accepter chaque personne telle qu’elle est. Nous travaillons avec toutes les catégories de personnes sans distinction de sexe tant que cette personne aura une valeur ajoutée à l’essor de nos activités.
Quels sont les défis spécifiques liés à l’implication des jeunes dans le développement, et comment les abordez-vous dans vos initiatives?
Les défis liés à l’implication des jeunes dans le développement sont la citoyenneté, l’engagement, la culture. A travers nos initiatives, nous incitons les jeunes à la recherche du savoir et à la citoyenneté responsable. Nous les impliquons dans les activités et les responsabilisons afin de déconstruire ces idées arrêtées de par exemple « telle tâche ne peut être effectuée que par un homme ou que par une femme ». Chacun peut aider à sa manière et apporter sa pierre à l’édifice d’un Niger meilleur.
En tant que jeune femme leader, comment surmontez-vous les obstacles éventuels et inspirez-vous d’autres jeunes femmes à s’engager dans des projets similaires ?
En tant que jeune femme leader, je m’efforce à ne jamais oublier d’où je viens et je veille à ne pas quitter des yeux mes objectifs. Pour surmonter les obstacles je redouble d’efforts et je ne me laisse pas abattre par les situations quotidiennes qui en temps normal peuvent déstabiliser. Je pense que ce qui inspire les autres femmes c’est ce côté résilient que j’ai. Le fait de ne jamais craindre d’aller sur le terrain et de travailler comme tout le monde. Le fait également de ne pas oublier que les études ne sont pas à négliger et peuvent ouvrir beaucoup de portes.
Pensez-vous que ces approches innovantes pourraient être adaptées à d’autres contextes ?
Oui, je pense que dans toute situation le meilleur enseignement passe par un exemple concret. On ne peut que montrer pour faire faire et non pas juste instruire à faire. Le changement par l’action est un slogan plein de sens, et nul grand changement ne s’est jamais opéré sans au préalable une ou des actions concrètes.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes, en particulier aux femmes, qui aspirent à jouer un rôle actif dans le développement de leur communauté mais restent paralysées par la peur ?
Je leur demanderai de quitter leur zone de confort et d’affronter le monde. Je leur demanderai d’incarner le changement qu’ils veulent voir face à une injustice par exemple. Je leur demanderai de briser les chaines et de prendre des initiatives.
Chaque jour, de nombreuses actions sont exercées en faveur des personnes les plus démunies et vulnérables. En dépit, de cette solidarité globale, les initiatives menées restent insuffisantes. Face à un tel constat, de nombreux jeunes comme Rakia prennent actions et sont à encourager. Je suis plus qu’honorée d’avoir eu l’opportunité d’écrire sur une jeune femme autant inspirante qu’elle. Je suis convaincue qu’elle aura un impact mondial et marquera l’univers du leadership féminin, ce n’est qu’une question de temps. Un grand merci à notre invitée, pour l’interview accordée.
Dans la rubrique Inspire, une lettre inspirante pour vous de sa part.
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Son engagement est une inspiration pour de nombreuses personnes. Le leadership se construit et elle a réussi à construire son propre chemin. Ses actions à travers son association sont un véritable soutien pour les personnes vulnérables. Du courage and all the best lady R